EGYPTE ANTIQUE |
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L'EGYPTE ANTIQUE (PHARAONIQUE)
Quand ? Environ - 4000 jusque vers - 100 avant JC
L’art égyptien est avant tout un art religieux. Les fresques (toujours figuratives) qui couvrent les murs des tombes souterraines, les statues et objets précieux qu’elles contiennent, tout cela n’était pas destiné à revoir le jour. Les peintures représentaient un mode d’emploi de la vie future, un guide de voyage, qui décrit à l’intention du défunt les dieux qu’il va rencontrer, les dangers qui le guettent (etc.)
Les égyptiens avaient une conception entièrement symbolique de l’utilisation de la couleur. Leur réalisme n'est qu'apparent.
Peu de mouvement dans la plupart des compositions. Les personnages font toujours quelque chose, qui correspond à leur rôle dans la société.
En souvenir de M.Parlebas, mon professeur d'égyptologie de l'université de Strasbourg, dont les cours ont fourni l'essentiel de la synthèse ci-dessous.
Histoire
La civilisation égyptienne doit être considérée comme très éloignée dans le temps. Considérons que même à l’époque romaine, elle était déjà perçue comme telle : une civilisation immensément lointaine, et déjà agonisante.
Les grandes pyramides (Kephren, Kheops, Mykérinos) du plateau de Gizeh, construites en -2500 ans avant JC font partie des plus anciens monuments connus. Et encore faut-il se rappeler qu’ils ont été construits non pas à l’aube, mais à l’apogée d’une civilisation qui existait déjà depuis très longtemps !
Bien sûr, il existait des pratiques artistiques avant les égyptiens ; l’homme "décorait" depuis des milliers d’années les murs de ses cavernes.
Géographie
Que dire après Hérodote : « l’Egypte est un don du Nil », tant cette sentence fameuse résume admirablement ce que fût l’Egypte pharaonique, non seulement d’un point de vue géographique et historique, mais également d’un point de vue culturel, religieux et artistique ?
On peut ajouter que les vivants et les morts ne « vivaient » pas au même endroit, comme c'est généralement le cas ailleurs. A part dans le Delta, géographiquement très différent (et où d’ailleurs il n’y a plus guère de tombes), les vivants sont au bord du Nil, et les morts dans le désert, dans des nécropoles situées de l’autre côté, que les cortèges funéraires rejoignaient en bateau.
Or l’Egypte, c’était – c’est toujours – 1 million de kms carrés, dont à peine 5% sont habités le long du Nil (sur des surfaces agricoles parfois réduites à une centaine de mètres de largeur) et dans quelques rares oasis.
Les vivants habitaient pauvrement : même les palais des princes étaient en simples briques et ont depuis longtemps disparus. Les morts - au moins les morts importants (mais ils furent nombreux au cours des siècles) - avaient droit aux somptueuses demeures de pierre, richement ornées, que sont par exemple les hypogées (tombes) souterraines.
La religion égyptienne
« Seul le Pharaon pouvait accéder à la survie, et l’accorder à ses proches et fidèles sujets. Son âme, figurée par l’oiseau BÂ, se promène chez les vivants, mais son KÂ (force vitale) devait être nourri, soigné, distrait ».
« Pour que le KÂ vive, il fallait qu’il puisse en permanence se remodeler sur sa forme iniale, d’où les recherches sur la momification.
En fait, ne croyant pas à la mort, les égyptiens ne croyaient pas non plus, au sens actuel, à la survie de l’âme. L’au-delà n’était pas perçu comme très différent de la réalité : le mort porte un nom, il boit et mange, s'amuse, il a même une ombre… Les momies
Les momies se destinaient à un voyage de plusieurs millions d’années, c'est-à-dire à l’éternité. Ensuite, des baumes rendaient à la peau un peu de souplesse, tout en l’imperméabilisant. L’ensemble était enfin couvert de bandelettes, et disposé dans un ou plusieurs cercueils scellés qui s’emboîtaient. Dans les chambres funéraires, complètement closes, se développait alors un microclimat favorable à la conservation des momies.
Qu’est-ce que l’art pour un égyptien de l’antiquité ?
L’art égyptien est avant tout un art religieux. Peut-être existait-il un art profane, mais il n’en reste plus grand-chose, car les maisons en bois et en briques (même les palais) n’ont pas résisté au passage du temps.
Les innombrables fresques qui couvrent les murs des hypogées , les statues et objets précieux qu’elles contiennent, tout cela n’était pas destiné à jamais revoir le jour ! Quand aux œuvres d’art des temples, seuls les prêtres y avaient accès. On le voit, un travail considérable, pour un retour sur investissement à peu près nul en dehors de l'aspect religieux. Ni les peintres, ni les sculpteurs, ni les architectes ne signaient leurs travaux (souvent réalisés en équipe). On ne connaît guère de nom que le seul architecte de Saqqarah, Imhotep. Il est vrai qu’il en a été de même en Europe jusqu’au 15ème siècle.
La fonction de la peinture égyptienne n’était pas d’ornementer, mais d’accompagner le défunt dans l’au-delà. Il s’agit exclusivement d’une peinture fonctionnelle.
Ils allaient d’ailleurs jusqu’à faire repeindre régulièrement les fresques, pour renforcer le pouvoir magique de la couleur.
De quelle nature était cette efficacité ?
La peinture représente du point de vue religieux un mode d’emploi de la vie future, un Guide de voyage, pratiquement, qui décrit à l’intention du défunt les dieux qu’il va rencontrer, les dangers qui le guettent (etc.)
Le Livre des morts ne « raconte » pas cependant, le texte en lui-même était perçu comme « magique : il suffisait qu'il soit écrit pour être efficace, nul besoin que le défunt ait su lire. La peinture égyptienne n’a guère évolué en 3000 ans. On imagine à quel point cette société devait être conservatrice !
Comment lire une peinture égyptienne ?
Les égyptiens avaient une conception entièrement symbolique de l’utilisation de la couleur.
Ils donnaient ainsi une place beaucoup plus importante aux couleurs que nous : pour un égyptien antique, tout ce qui est coloré est vivant. Les dieux ont toutes les qualités, donc toutes les couleurs. Aussi, les égyptiens ont-ils mélangé toutes les couleurs…et obtenu du noir, considéré pour cette raison - ce n'est pas la seule - comme la couleur de la vie. Ils peignaient en noir les momies pour les aider à revivre ! Curieusement pourtant, ils étaient très frappés par le phénomène des albinos. Un animal albinos était considéré comme divin.
La fabrication des couleurs
Elles sont très stables dans le temps, parce que généralement naturelles :
- Les jaunes et les rouges proviennent d’ocres naturels (extraits du grès). - Les blancs viennent de la chaux. - Les noirs du charbon de bois écrasé. - Les bleus et verts d’oxydes du cuivre, à partir de malachite. Il existait un magnifique bleu égyptien, que l’on ne sait toujours pas reproduire.
Le symbolisme des couleurs
Sans le traiter de manière exhaustive, considérons par exemple le noir :
Notons aussi que le noir, c’est la couleur des cheveux des égyptiens.
En savoir plus sur le symbolisme des couleurs
Principales conventions de la peinture égyptienne
Les personnages sont toujours représentés de profil, sauf l’œil qui est de face. Ils ont une attitude hiératique, rigide, ils vivent une scène importante pour le mort. On ne rigole pas, dans l’art égyptien !
Peu de mouvement dans la plupart des compositions égyptiennes ("les pleureuses" sont une exception). L’ensemble est généralement ordonné suivant des lignes horizontales et verticales.
Tous les acteurs font quelque chose, qui correspond à leur rôle, leur fonction. La jambe en avant, caractéristique de l’art égyptien signifie la marche, donc la vie : seule la momie, le mort, ne marche pas. Le corps est représenté toujours complet. Ainsi, une main aura toujours cinq doigts visibles. Idem pour les pieds, représentés sur une "ligne de sol", à la manière des enfants.
Analyse d'oeuvres-clés
Ca ressemble à un jeu vidéo, mais c'est éducatif : la reconstitution en 3D du plateau de Gizeh vaut le coup d'oeil.
Les pyramides sont l'une (et la dernière encore debout) des sept merveilles du monde antique. Vers 820, le calife turc Mamoun força la porte de la grande pyramide de Khéops, à l'aide d'explosifs. Il y trouva un corps, qui n'était pas celui d'un pharaon, mais probablement celui d'un dignitaire d'une dynastie saïte. Pendant longtemps, seule fut accessible la pyramide de Khéops. Elle posait d'ailleurs presqu'autant de problèmes qu'elle n'en résolvait : - Pourquoi est-ce la seule à posséder une chambre funéraire en son coeur ? - Pourquoi si peu de statues de Khéops (une seule, toute petite), alors qu'il en existe tant de ses successeurs ? - Comment les égyptiens anciens ont-ils réussi à tailler, de façon aussi parfaite, des blocs de plus d'une tonne ? - Pourquoi cette pyramide ne contient-elle aucun texte, à part quelques graffitis de maçon ? Peut-être, après tout, existe t-il d'autres chambres, non trouvées pour l'instant...(c'est le sujet, bien documenté, de l'album de BD "le mystère de la grande pyramide", de Black et Mortimer) (D'après un article de la revue "Muséart" n°17)
la tombe du pharaon Toutankhamon (KV62) Découverte le 4 novembre 1922 par l'anglais Howard Carter, cette tombe hypogée (souterraine) qui date d'environ 1200 ans avant JC était située juste à côté de celle de Ramsès VI. Elle contient toujours les restes du roi, et c'est probablement la seule momie égyptienne dont on ait respecté le lieu de sépulture. Quoique, en réalité, elle avait déjà été visitée une fois, sans doute par des voleurs, et laissée en désordre. La tombe contenait quatre "chapelles" (chambres) funéraires emboitées les une dans les autres, et dissimulant trois sarcophages. Le tout d'assez petite taille, comparé à certaines tombes des alentours. (Une histoire de malédiction, accréditée par la mort de l'un des découvreurs (Lord Carnavon) a peut-être récemment trouvée sa peu poétique explication : les momies étaient infestées de bactéries !) Cette tombe présente un ensemble d'objets contemporains les uns des autres unique dans le domaine de l'archéologie égyptienne.
A noter particulièrement le célèbre masque mortuaire de Touthankamon, vedette du musée égyptien du Caire, et ce délicieux petit coffret richement orné, ci-dessous, qui contenait les viscères du roi. Tout comme la ville ensevelie de Pompéi, la sépulture inespérée de ce jeune roi nous a livré une bulle spatio-temporelle sur la civilisation égyptienne d' il y a 3500 ans ! (D'après un article de la revue "Muséart" n°17)
Coffret trouvé dans la tombe de Toutankhamon
Coffret trouvé dans la tombe de Toutankhamon (détail)
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